La société fraternelle des Amis de l’Égalité s’est constituée pour répandre, en dehors du Temple, les vérités acquises en loges. Au cours des derniers mois, les idéaux partagés par les membres de cette fraternelle ont trouvé écho dans les prises de position résolument humanistes adoptées par Fabien Roussel lors de la campagne présidentielle qui vient de s’achever. Le candidat communiste a rendu possible l’émergence d’une force républicaine, laïque, écologique et sociale, en se posant comme le porte-voix des principes de dignité laïque, de raison, d’unité, de liberté, d’égalité et de fraternité issus des Lumières. Il y a bien longtemps, hélas, que cela n’était plus arrivé.
Le phénomène de « vote utile », propre aux institutions de la cinquième République, n’a pas permis à Fabien Roussel d’atteindre le résultat suffisant pour aborder de manière indépendante les élections législatives. La politique est un rapport de force permanent et pour l’instant, force est de constater que celui-ci n’est pas à notre avantage. C’est pourquoi le PCF, comme le PS et EELV, ont négocié avec LFI, l’alliance électorale baptisée « NUPES » (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale).
Cette alliance n’est pas sans rappeler le « Rassemblement Populaire » de 1935, prélude au « Front Populaire » de 1936, dont le Grand Orient de France, la Grande Loge de France et d’autres organisations maçonniques avaient su être parties prenantes. Dès son Convent de 1934, le GODF avait émis le vœu d’un rassemblement des forces démocratiques. Les travaux maçonniques avaient amené les frères à oublier leurs clivages profanes, afin de se concentrer sur l’essentiel : faire reculer les inégalités, accompagner chaque citoyen dans son émancipation, comprendre l’antagonisme de classe et réunir ce qui est épars.
« (…) le Franc-Maçon doit exalter une solidarité de combat qui rejoint à la fois la lutte de classe et la libération des peuples opprimés ». Cette affirmation de Jacques Mitterand, Grand Maitre du GODF dans les années 1960, est d’une criante actualité. C’est bien à cette solidarité de combat que les francs-maçons de 2022 doivent plus que jamais s’astreindre.
S’engager n’oblige en rien à la compromission. Nous savons que dans l’alliance NUPES se trouvent des personnes qui sont séparées de la grande lumière par un abysse, tant leurs pensées et expressions sont insupportables. Aucun franc-maçon en général, membre des Amis de l’Égalité en particulier, ne pourra voter pour un candidat qui entend racialiser la question sociale et conduire les citoyens dans l’impasse des singularités coutumières et religieuses. Tout ce qui ressemble à des excuses propres à relativiser les assassinats faits au nom d’une religion doit toujours être condamné avec la plus grande fermeté. Comme doit l’être aussi, l’idéologie décoloniale qui calomnie la laïcité en la qualifiant de racisme d’État.
Fort heureusement, l’accord signé la semaine dernière est un accord de circonscriptions — permettant au PCF de garder son groupe parlementaire — et en aucun cas un acte de reddition. C’est au citoyen électeur qu’il reviendra d’opérer son choix, dans le secret de l’isoloir.
Restent alors les candidats républicains qui figurent dans la NUPES, dont Fabien Roussel, ce maçon sans tablier, qui doit être conforté et appuyé pour l’aider à continuer de tracer le chemin de la reconquête laïque, socialiste et républicaine. Le député du Nord n’a rien renié, il est toujours celui que nous avons soutenu pendant la campagne présidentielle. Et puisque l’alliance NUPES ne signifie pas soumission, il nous faut continuer avec lui pour donner corps au programme des Jours Heureux. Il est donc l’heure d’intégrer le PCF pour y militer avec lui, afin que triomphe la République Universelle, Sociale et écologique que nous appelons de nos vœux.
Le PCF d’aujourd’hui est ouvert et dispose de moyens qui permettent le débat et l’élaboration intellectuelle et collective de la doctrine humaniste et du socialisme républicain dont nous avons tant besoin. Les francs-maçons sont des constructeurs qui, en adhérant au PCF, participeront à ses cellules et revues, feront élire les députés laïques identifiés et seront des chevilles ouvrières au sein du mouvement social, dans les syndicats, associations ou mutuelles, afin de raccrocher le peuple à la Gauche républicaine.
Rien ne sera facile, mais la situation historique qui nous fait face nous oblige. C’est pourquoi la société fraternelle des Amis de l’Égalité s’est constituée pour répandre, en dehors du Temple, les vérités acquises en loges. Il est l’heure, selon les mots d’Antonio Gramsci, de mener la bataille culturelle pour gagner la guerre de position. C’est un chantier ambitieux. Gageons que nos lumières demeurent utiles !